- Tribune de libre expression
ÊTRE ARTISTE ?

©Christian Robilliard
“Il y a grande pitié au Royaume de France” (c'était il y a bien longtemps !). Mais aujourd'hui, alors que c'est grande pitié au Royaume des Arts plastiques en France, point d'Archange Saint-Michel, point de Jeanne d'Arc qui aient le pouvoir de sauver le royaume ; le roi a mis des œillères au bon sens.
La MAPRAA, depuis bientôt 40 ans et avec ses faibles moyen, fait ce qui reste en son pouvoir pour sauver la diversité de la Culture plastique : cette mission qu'elle s'est donnée d'en faciliter la diffusion auprès du public au sens le plus large.
Martian AYME de Lyon - septembre 2019
Elle le fait face à une Institution qui verrouille à son unique profit ce qui correspond à ses vues, ignorant tout ce qui pourrait diverger de son hégémonie culturelle ; et qui plus est s'arroge le droit de décréter qui est “artiste”, et par là-même digne de son attention, et des moyens qui vont avec…
La MAPRAA est donc, de fait, un poste d'observation privilégié de cette dérive qui présente au public ceux, que l'Institution adoube, rejetant dans l'insignifiance d'un néant pas forcément loin de l'enfer, tous les autres, qui ne seraient que moins que rien, surtout pas “artistes” !
C'est ainsi que le public est privé de l'accès libre à la foisonnante diversité actuelle de la Culture plastique qui lui revient de droit !
C'est ainsi qu'il faut la volonté, et une longue patience de quelques personnes, privées ou morales, pour que hors de, et parfois même contre ceux dont le devoir serait de les aider, puisse être montrés ceux qui, sans eux, resteraient dramatiquement invisibles...
Nous venons d'avoir, du 30 août au 9 septembre (une trop petite dizaine de jours) dans la salle du Conseil municipal du 4ème arrondissement (sur initiative privée) un magnifique exemple de cet état de choses avec un “hommage” à Christian Robilliard, artiste“ invisible” parmi tant d'autres...,
Le texte de Martian AYME de Lyon, lu lors du vernissage le 3 septembre, met, face à l'Institution, l'artiste à sa juste place ; nous le reproduisons ci-dessous...
“Être artiste ?
“Christian était-il artiste ? Si l'on considère comme tels (ainsi que l'usage semble quelque peu l'imposer aujourd'hui) ceux qui se montrent, sont montrés à l'envi, font les unes et les records de ventes… La réponse est objectivement non !
“Et pourtant ! Une réponse aussi catégorique ne serait-elle pas tout simplement due aux critères de mesure qui font loi aujourd'hui, causes artificielles d'un jugement, vicié à la base, qui se voudrait inattaquable !
“Et si l'on avait la volonté d'oublier les chiffres et les diktats d'autorité esthétique de la société qui nous enveloppe, n'y aurait-il pas comme la possibilité d'un doute ?
“Mais alors, être artiste ?
“Face à cette perversité sociétale qui voudrait nous museler, osons affirmer que la qualité d'artiste n'aurait pas forcément tout à voir avec une quelconque adaptation à son époque ; bien qu'il la vive, osons considérer que l'artiste, ès qualité, se doit de s'exonérer de toute soumission de quelqu'ordre que ce soit ; osons affirmer que l'artiste est celui dont la capacité de sentir l'être en soi et en société, et d'en donner une image, non pas sous forme de mots et phrases - ÇA, c'est le domaine du philosophe - mais par le trait, le son, la couleur, le mouvement…
“Et surtout, osons témoigner que chaque artiste est unique, comme étant le seul, absolument, qui soit capable de produire ce qu'il crée...
“Le doute n'est alors guère permis...
“Christian, était bien le seul qui pût aller jusqu'au bout de son œuvre.
Christian était artiste, absolument”.